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Photo du rédacteurLauryne Cheze

#épisode 1 : Comment intégrer les enjeux du développement durable dans l'industrie du sport ?

Dernière mise à jour : 11 août 2022

Les enjeux environnementaux sont aujourd’hui au centre des stratégies de développement des acteurs du sport business. Au-delà de ce secteur d’activité, c’est toute la Société qui se transforme pour mieux intégrer le développement durable dans les modes de vie. Le sport a alors un rôle important à jouer tant en terme d’éducation de la population que de figure d’exemple.


Découvrez le premier épisode du dossier sur les engagements environnementaux dans le sport business.

Paris, le 12 décembre 2015, les états membres de la COP21 viennent d’adopter le traité sur le réchauffement climatique qui vise à atténuer celui-ci. A cette occasion, le sport est enfin intégré dans les débats des conférences internationales sur le climat. Les lois « Climat et Résilience (2021) et « AGEC » (2020) viennent engager davantage le sport business en leur préconisant des modes de production et des investissements plus propres pour l’environnement. Les évolutions législatives ne peuvent plus laisser de marbre les acteurs de la filière face aux enjeux environnementaux. L’industrie du sport doit aujourd’hui prendre ses responsabilités, d’une part pour être acteur pour la lutte contre le réchauffement climatique et d’autre part pour limiter son impact sur la pratique du sport en général.



La remise en cause de certaines pratiques sportives

Cela ne fait plus de doutes, l’élévation des températures a des conséquences très néfastes sur notre planète avec des conséquences graves sur la migration de population et le déclin de certaines espèces de la faune et la flore. Tous les secteurs d’activité sont touchés y compris le sport. Intégrer une démarche de développement durable n’est plus une option mais une nécessité au regard de l’étude menée en 2021 par l’association WWF. La hausse des températures entre 2° et 4° a des conséquences majeures sur les acteurs de la filière sportive.


D’après le rapport de WWF sur « Le dérèglement climatique : le monde du sport à +2°c et +4°c » publié en 2021


« Le sport, comme toutes les activités humaines, subira les conséquences du dérèglement climatique. » (Isabelle Autissier, Présidente d’honneur Du WWF France) Activités impactées par la hausse des températures, sites de pratique sur le littoral à relocaliser, salles de sport de plus en plus complexes à gérer, stades en herbe de moins en moins faciles à exploiter, sports d’hiver menacés, telles sont les défis que doivent relever les acteurs de la filière. Avant d’être face au mur, toute l’industrie du sport doit prendre ses responsabilités et doit s’engager pour le développement durable. A charge aux acteurs du secteur de trouver des solutions pour rendre leurs activités plus durables et aussi éduquer et inculquer des valeurs à la portée universelle pour sensibiliser aux enjeux environnementaux du 21ème siècle.



Les acteurs du sport business doivent s’adapter à l’évolution des attentes des consommateurs, soucieux de la préservation de l’environnement

Les consommateurs sont de plus en plus sensibilisés et mobilisés pour la préservation de la planète. Leurs attentes ont évolué. Selon le rapport Global Corporate Sustainable de 2015, 66% des consommateurs sont prêts à payer plus cher pour un produit dit responsable ou issu d’une entreprise avec des engagements pour le développement durable. Plus que la simple recherche d’un produit, d’un service ou d’une expérience, les consommateurs veulent s’identifier aux valeurs des marques.



Les textiles issus de la pétrochimie fashion faux pas écologique

A la recherche de toujours plus de performance, l’industrie textile a réussi à innover et proposer des textiles « intelligents ». Ces derniers permettent de réguler la température, de protéger contre les conditions climatiques extrêmes ou encore d’inclure un traitement antimicrobien. Ces avancées technologiques sont certes une bonne nouvelle pour tendre vers la performance mais sont un désastre pour l’environnement. Les matières premières utilisées pour fabriquer ce type de textiles sont à plus de 90% des matières synthétiques issues de la chimie. Par exemple, le polyester est une fibre très souvent utilisée dans l’industrie du textile. Pourtant, il est fabriqué à base de pétrole. Sa production rejette de nombreux gaz à effet de serre, la teinture de la fibre rejette des microparticules qui polluent les océans. Lors de chaque lavage de nos vêtements de sport en polyester, 7 000 microparticules sont rejetées dans l’eau de lavage. Les stations de traitement des eaux ne sont pas capables de filtrer ces micros plastiques. Ces particules se retrouvent alors dans les océans. On estime à 500 000 tonnes de plastiques déversées dans les océans par ces lavages de textiles polluants.


Les marques de textile sportif ne peuvent plus seulement proposer des vêtements ultra performants fabriqués avec des textiles polluants. Les marques doivent s’engager pour une démarche d’écoconception. L’objectif est de revoir la conception de l’offre produit/service afin d’être plus respectueux de l’environnement. Ainsi, éco-concevoir un produit revient à revoir le choix de ses matières premières, faire un diagnostic sur les ressources et les énergies nécessaires à sa fabrication, calculer l’impact du transport, tester auprès des consommateurs, l’utilisation du produit. Ainsi, des grandes enseignes comme Décathlon mettent en place des notes environnementales pour aiguiller les consommateurs dans leurs achats responsables. D’autres entreprises innovent et proposent des textiles plus naturels et respectueux de l’environnement.


C’est le cas de l’entreprise Soöruz qui fabrique et commercialise des combinaisons de surf écoresponsable en poudre de coquilles d’huitres. Au-delà de proposer des produits plus verts, l’entreprise prône des valeurs de respect de l’environnement et notamment de l’océan, terrain de jeu des surfeurs. Sans une démarche environnementale ancrée dans les valeurs d’une marque, il est compliqué pour cette dernière de se rendre crédible auprès des consommateurs. Les marques ne doivent pas seulement intégrer les enjeux environnementaux dans leur stratégie marketing mais repenser leur vision stratégique globale.



Aller au stade et à la buvette tout en respectant la planète

L’événementiel sportif va aussi devoir s’adapter. Finis les pailles en plastique, les poubelles sans bacs de recyclage ou les immenses parkings pour venir en voiture, toute la gestion des événements doit être revue pour intégrer une approche verte. Les bouteilles en plastique laissent leur place aux gobelets recyclés en carton et aux écocups consignées. Les supporters et les spectateurs sont invités à trier leurs déchets dans les poubelles mises à leur disposition. Le recours au covoiturage et l’utilisation des transports en commun sont encouragés. Les fournisseurs locaux sont privilégiés afin de favoriser l’économie locale et diminuer les émissions de CO². Certains événements sportifs en pleine air ont aussi fixé des quotas de participants afin de préserver la biodiversité. Le cahier des charges peut facilement intégrer des démarches responsables dans l’organisation des événements sportifs.


Les stades doivent aussi prendre le virage de la démarche écoresponsable. Comme l’a démontré le rapport de WWF, avec la hausse des températures, il sera de plus en plus difficile d’entretenir et d’exploiter les terrains naturels (en herbe). L’intensité et la hausse de la fréquence des épisodes de sécheresse provoquent un stress hydrique et thermique pour le gazon. Sans herbe, les terrains ne seront plus praticables pour les compétitions. Un réel risque pour la pratique du sport quand on sait que 90% des terrains de football sont en herbe mais un risque aussi économique pour les gestionnaires de clubs professionnels et amateurs qui ont besoin de leur terrain pour jouer les compétitions. Les solutions d’arrosage sont très énergivores et couteuses pour l’entretien d’un stade. Les gestionnaires de stade doivent revoir leur approche agronomique pour trouver des solutions durables qui remplaceront les terrains en herbe sans avenir avec le réchauffement climatique.


L’ONG Sport Positive League s’est d’ailleurs penché sur le sujet de la démarche écologique des stades de football de Ligue 1. L’Olympique Lyonnais fait figure de leader dans son approche verte de gestion de stade. Les infrastructures ont été pensées pour fonctionner avec de l’énergie propre à l’aide de 40 000m² de panneaux solaires. La gestion des flux de supporters est facilitée par un réseau de transport en commun étoffé. Néanmoins, le club doit trouver des solutions pour la gestion de ses déchets plastiques et le respect de sa biodiversité mise à mal lors de la construction du Groupama Stadium et de l’OL Vallée.



Utilisées 1 mois, abandonnées depuis plusieurs années…

Vivement critiquées et remises en cause, les constructions de nouveaux espaces sportifs doivent aussi être pensées dans la durée. Impensable pour les consommateurs de n’utiliser un stade ou un gymnase seulement pour 2 semaines/1 mois de compétition. Pourtant, les usages des bâtiments sportifs ne sont pas forcément pensés dans la durée. Les Jeux Olympiques en sont le parfait exemple. De nombreux stades, gradins, piscines ou encore gymnases aux 4 coins du monde ont connu la gloire pendant les Jeux Olympiques puis ont été abandonnés faute de moyens ou d’utilité. Les acteurs du sport ne doivent pas perpétuer ce désastre écologique.


C’est, en tout cas, l’ambition de Paris 2024. La capitale qui accueillera les prochains Jeux Olympiques tend vers la neutralité carbone. Paris va s’appuyer sur la richesse de ses bâtiments culturels et sportifs afin de minimiser son budget investissement mais aussi son impact carbone. Les athlètes tenteront de décrocher l’or dans des lieux hors du commun. Ainsi, les cavaliers internationaux et leurs montures se rendront au Château de Versailles. Les judokas et les lutteurs s’affronteront sur le Champ-de-Mars. Les Invalides accueilleront les épreuves de tir à l’arc et bien d’autres encore. En capitalisant sur ces lieux déjà existants, Paris 2024 montre qu’il est possible d’allier intérêts environnementaux et intérêts financiers même si le projet olympique impacte négativement certains territoires (voir prochainement l’épisode 2).


La filière du sport doit repenser en profondeur toutes ses activités en intégrant les enjeux du développement durable. En continuant à polluer, le sport signe l’arrêt de certaines pratiques. La filière doit être un exemple écoresponsable pour permettre aux générations futures un accès au sport qui n’est pas compromis par le réchauffement climatique. L’évolution des modes de consommation et des mœurs doivent être des indicateurs à écouter pour tous les acteurs du sport business.


Dans le 2ème épisode, nous verrons que malgré des indicateurs écologiques dans le rouge et une forte pression des associations et des ONG, certains projets sportifs favorisent les intérêts économiques et financiers au risque d’un désastre écologique que l’Humanité ne peut plus se permettre.


Sources :

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